Nous sommes souvent interrogés sur la réouverture du site de la dune du Pilat. Des discussions sont en cours entre les représentants locaux de la FFVL et les institutions dont notamment la préfecture : l’incertitude demeure importante quant à la remise en l’état des accès au site mais on peut espérer une reprise du vol libre en 2023 qui s’opérera de manière très progressive et sera dans un premier temps limitée et encadrée. La communauté sera bien évidemment informée des évolutions à travers notamment la plateforme Internet parapilat.com et nos publications.
Voici un entretien avec Charlie Piccolo qui nous fait part de son vécu et de ses espoirs qui rejoignent ceux des pratiquants de retrouver un site unique.
L'entretien a été réalisé par Matthieu Lefeuvre.
Charlie, peux-tu te présenter et nous parler de ton école ?
> Je m'appelle Charlie Piccolo et j'ai la chance de voler depuis 1994.
Après six années passées au sein des pôles FFVL, respectivement le pôle Espoir de Font-Romeu et le pôle France Rhône-Alpes, avec une formation principalement axée sur le cross et la compétition, j'ai basculé dans le monde l'acrobatie dans les années 2000 avant de migrer définitivement dans le sud-ouest sur la Dune du Pilat.
Avec des amis nous avons fondé Waggas School en 2003 et ainsi touché du doigt mon rêve de voler et vivre sur ce spot atypique.
Parallèlement j'ai également eu le plaisir d'être team manager chez Supair pendant plus de dix ans et d'avoir côtoyé la crème mondiale des pilotes d'acrobatie.
La Waggas School fêtera ses vingt ans au printemps prochain dans des circonstances particulières.
Nous avons fait le pari il y a vingt ans de développer des stages spécifiques de pilotage au sol pour une meilleure gestion de l’aile dans le vent, le site de la dune du Pilat étant un site adapté pour faciliter la progression dans le vent.
L’idée était de développer et proposer notre savoir-faire dans une niche qui à l’époque n’existait pas encore.
Vingt ans plus tard nous sommes passés d’un enseignant à trois enseignants.
La philosophie est la même depuis le début, à savoir l'encadrement de groupes restreints et avoir du plaisir à jouer avec nos voiles.
Cet été, le secteur de la Dune du Pilat a été touché par des incendies de grande ampleur, comment as-tu vécu cela ?
Effectivement cet été a été très mouvementé et stressant.
À titre personnel et en tant qu’habitant du bassin d’Arcachon, les incendies de cet été m’ont beaucoup affecté et ont été très durs à vivre avec un épisode qui semblait sans fin.
Nous avons vécu plus d’un mois dans les fumées avec des incertitudes quotidiennes quant à la progression du feu.
Le fait qu'une partie de la forêt et également les campings dans lesquels j'ai passé la moitié de vie soient partis en fumée m'a profondément attristé
Je me reconfigure et apprends à vivre avec cet environnement bouleversé.
Malgré tout ça, il n’y pas eu de drame humain, ce qui est inespéré au vu de l’ampleur de l’incendie.
La nature et la vie reprennent leur place et c'est très appréciable.
Quel a été l’impact de ce drame pour ton activité professionnelle ?
À titre professionnel, on ne va pas se mentir, c'est une catastrophe.
La perte d’une saison estivale, de nos locaux, d’une partie de notre matériel ainsi que les incertitudes sont autant d’éléments qui rendent la tâche de la reconstruction très difficile.
Nous restons néanmoins déterminés et motivés et le temps va faire son œuvre.
Après deux années de covid, cet incendie est encore un coup dur porté à notre activité.
Nous sommes heureusement à ce jour soutenus et accompagnés par les institutions locales comme la commune et la Direction des Sports, les instances fédérales comme la FFVL et également certaines marques de parapente qui nous aident dans la reconstitution d'un parc de voiles en vue d'une prochaine reprise.
Ce soutien nous permet d’avancer dans une dynamique positive ainsi que dans la remise en route de notre activité.
Les dégâts ayant été importants, aujourd’hui quelle est la situation pour le vol libre ? Penses-tu pouvoir reprendre ton activité en 2023 ?
La situation pour le vol libre reste très floue et incertaine à ce jour.
Les travaux de sécurisation et de reconstruction du site sont pharaoniques ; il va falloir du temps pour retrouver une situation « normale ».
Les accès se faisant majoritairement par les campings, leur reconstruction est en cours mais ça va prendre du temps.
Il est difficile d’avoir des dates de réouverture ; le printemps avec des campings ouverts semble peu probable, ce qui va fortement limiter les accès au site en 2023.
En ce qui concerne Waggas School, à ce jour nous relançons partiellement notre activité avec des stages qui commenceront dès le mois d’avril prochain.
Les réservations sont désormais disponibles en ligne sur notre site Internet www.waggaschool.com
Nous aurons des accès restreints et autorisations spéciales, notamment avec les campings.
En ce qui concerne le biplace, nous n’avons pas à ce jour suffisamment d’éléments et de visibilité sur le printemps prochain pour nous projeter, affaire à suivre.
Je voulais profiter de cet entretien pour remercier la communauté parapentiste.
Nous avons reçu énormément de messages de soutien et de solidarité.
Ils nous apportent beaucoup de réconfort pour traverser cette épreuve et nourrissent au quotidien notre envie d'entreprendre et de continuer à accompagner les pilotes dans leur progression.
Merci à tous ! Charlie Piccolo
crédit photos de cet article : www.waggaschool.com